En quoi consiste une évaluation en neurofeedback?

L’électroencéphalogramme, outil de mesure de l’activité électrique cérébrale. Examen qui renseigne sur l’activité neurophysiologique.

Comme nous l’avons vu dans notre article consacré aux différents types de Neurofeedback, l’évaluation par électroencéphalogramme quantitatif est l’étape conditionnelle à tout entraînement qui se veut rigoureux. En effet, cette évaluation va permettre de cibler le type d’ondes et la localisation cérébrale à entraîner en fonction des objectifs visés par le sujet. Elle permet donc d’établir une cartographie cérébrale précise et définir un protocole d’entraînement entièrement personnalisé. Elle est également un point de comparaison entre les différents protocoles appliqués lors des phases d’entraînement. En quoi exactement consiste cette évaluation initiale, Neurofeedback POST vous propose de le découvrir en 5 points. 


1. L’évaluation : L’entretien 

Il existe différentes manières de procéder lorsqu’on décide de s’orienter vers le neurofeedback. En tant que clinicien, nous sommes attentifs à toujours proposer une prise en charge globale de la personne. Nous savons à quel point cela est primordial, non seulement pour l’évaluation mais également pour la suite. C’est pourquoi il est toujours très important de vous assurer que le professionnel qui vous propose un accompagnement en neurofeedback est formé et qu’il sait prendre en compte les différents éléments que son patient lui apporte. 

 L’anamnèse

Chez NeuroLogic, l’évaluation commence toujours par un entretien qui permet de comprendre le contexte, notamment les difficultés rencontrées et leurs manifestations dans le quotidien. 

Le clinicien recueille également les données importantes telles que les bilans qui ont déjà été réalisés (bilan neuropsy, orthophoniste, psychomotricien…) ou encore les traitements mis en place (médication, suivis…) afin d’avoir une compréhension globale de la situation. 

La définition des objectifs de l’entraînement en Neurofeedback

Ensuite, le patient et/ou sa famille (dans le cadre du suivi d’un enfant par exemple) définit les objectifs de l’entraînement. Vise-t-on l’amélioration des apprentissages, des capacités attentionnelles ou encore l’augmentation de l’autorégulation émotionnelle et/ou comportementale? 

Le clinicien est là pour guider la définition des objectifs car il a une bonne expérience de ce qu’il serait pertinent d’entraîner en premier tout en étant attentif aux attentes de son patient en lien avec l’entraînement. 

Par exemple, une personne présentant des difficultés au niveau de l’attention souhaiterait, en toute logique, commencer par entrainer cette capacité. Cette personne présente par ailleurs, un niveau d’anxiété élevé. Si on commence par augmenter la capacité attentionnelle, le risque est d’augmenter l’attention que porte cette personne à… ses ruminations, ses pensées intrusives, envahissantes et aux autres manifestations de son anxiété. En visant d’abord l’autorégulation émotionnelle, l’attention peut également être améliorée grâce à une diminution de l’anxiété et de symptômes liés ; avec moins de préoccupations, de ruminations, et de pensées intrusives l’attention est plus libre d’être dirigée vers une cible appropriée. 

La psychoéducation concernant les essentiels processus fondamentaux et les fonctions de haut niveau permet au professionnel d’accompagner son patient dans la définition des objectifs spécifiques qui donneront le résultat souhaité, d’où l’importance de son expertise dans ce processus.

L’apport du Neurofeedback 

C’est aussi le moment pour le professionnel d’expliquer à son patient comment le Neurofeedback fonctionne et comment cela peut améliorer sa qualité de vie, toujours dans le cadre d’une prise en charge globale. 

Dans un contexte de prise en charge multidisciplinaire, l’intégration du Neurofeedback est intéressante car il travaille davantage le fond que la majorité des autres techniques d’intervention. 

Prenons exemple avec le trouble DYS et plus particulièrement la dyslexie. Dans un cas sévère, malgré l’effort et les accompagnements proposés, la lecture ne s’acquiert pas. Le Neurofeedback permet-il de mieux apprendre à lire? La réponse est non, en tous cas, ce n’est pas son utilité première. En revanche, il permet de débloquer les ressources afin d’optimiser les stratégies d’apprentissage. Le cerveau est entrainé afin d’améliorer et d’optimiser : 


Ce sont ces changements qui donnent la ressource suffisante au cerveau pour l’acquisition de la lecture. Avec l’ajout de ce qu’on appelle des “tâches de transfert” au cours de l’entrainement, la lecture peut même être enseignée dans un contexte de Neurofeedback*. 

*Ces tâches de transfert sont des activités effectuées lors des séances d’entrainement, en recevant une rétroaction pour mieux guider le cerveau alors qu’il est engagé dans un action spécifique. Ces activités permettent également d’améliorer ce qu’on appelle le transfert : la généralisation des apports bénéfiques de l’entrainement. Grâce à ces tâches, les progrès en lecture devraient être de plus en plus présents, même en dehors du contexte d’entrainement. 

Que ce soit la définition des objectifs, l’établissement du protocole (la région et l’activité entrainée), la réalisation des séances d’entrainement ou encore l’implication des tâches de transfert, tout commence par ces deux étapes essentielles de toute évaluation : l’entretien et l’ÉEGq.  

Une fois ce précieux entretien réalisé, l’évaluation par ÉEGq peut donc commencer. En quoi consiste-t-elle? 


2. L’évaluation par ÉEGq (électroencéphalogramme quantitatif) : 

L’électroencéphalogramme est un outil de mesure de l’activité électrique cérébrale. C’est un examen indolore et non invasif qui renseigne sur l’activité neurophysiologique du cerveau. 

L’activité cérébrale est définie de plusieurs façons, par rapport à la forme (morphologie) de l’onde, par sa localisation (topographie), mais principalement la définition se fait par nombre de cycles par seconde, exprimé en Hertz (Hz). Cela se traduit en vitesses, qui sont classées en différentes familles d’ondes : Delta, Thêta, Alpha, Bêta, Gamma. Chaque famille ou « bande de fréquences » correspond à un fonctionnement distinct des autres. 

Nous consacrerons un article dédié aux ondes cérébrales et leurs fonctions. 

Lors d’une évaluation, on appose sur le cuir chevelu des électrodes, que nous préférons appeler capteurs, qui vont enregistrer l’activité cérébrale. Le nombre de capteurs peut varier, la plupart du temps, on en utilise 19. Ce processus est entièrement non-invasif, la personne évaluée ne ressent aucun inconfort. Puis, nous prenons une mesure du fonctionnement de votre cerveau, dans un état dit de « calme/repos », ce qui signifie qu’il n’y a rien à faire de particulier pendant l’évaluation. Cette étape prend 10 minutes. 

Que l’on travaille avec une population d’adultes ou de jeunes, il est important de toujours prendre le temps de s’assurer que la personne est confortable avec le processus. Nous pouvons par exemple, expliquer ce qu’il se passe en utilisant l’image du stéthoscope des médecins, qui vient écouter le cœur. Ici, on écoute le cerveau. Nous ne lisons pas dans les pensées, nous mesurons simplement comment fonctionne le cerveau : est-ce qu’il y a des régions trop actives? Ou pas assez? Quelles régions travaillent en collaboration avec les autres? Ou pas suffisamment? C’est ce que nous allons découvrir ! 

Puisqu’une fois ce processus de l’ÉEGq terminé, il s’agit de traiter les données afin de parvenir à une cartographie cérébrale qui va permettre la compréhension du fonctionnement cérébral afin d’établir un protocole d’entraînement sur mesure (et atteindre les objectifs préalablement définis).

Voyons plus en détails comment se passe cette étape. 

3. L’analyse et l’interprétation des données

Avant de commencer à parler de l’analyse et de l’interprétation des données, quelques précisions s’imposent.  

Dans le cadre du neurofeedback, l’ÉEGq n’est en aucun cas à visée diagnostic. Cette évaluation est dite “quantitative” car elle s’intéresse à la quantité d’électricité produite par les différentes régions du cerveau, distribuée parmi les différentes activités (delta, thêta, alpha, bêta et gamma). Elle mesure également la connectivité, c’est-à-dire l’interaction des régions cérébrales entre elles. 

L’ÉEG a une visée diagnostic, uniquement lorsqu’il est pratiqué par un médecin, qui est habilité à faire une interprétation quantitative et qualitative du tracé cérébral enregistré afin de poser un diagnostic clinique. 

La passation d’un ÉEG et d’un ÉEGq sont donc des processus semblables, bien qu’ils aient des différences importantes en ce qui concerne le motif d’investigation, l’analyse des données, et les conclusions tirées. 

L’objectif de l’analyse de l’ÉEGq est de comprendre le fonctionnement cérébral. 

L’analyse de l’ÉEGq se fait en premier en traitant la qualité du signal du tracé cérébral.  Le praticien va “nettoyer” le signal de toute contamination. Il va, par exemple, identifier tout ce qu’on appelle les “artéfacts » (ex. : tension musculaire, mouvements oculaires) et les supprimer. Il fait le tri entre l’information qui peut être prise en compte et celle qu’il faut laisser de côté. 

L’échantillon de l’activité cérébrale retenu est ensuite quantifié grâce à un logiciel qui transforme cette information en cartographies cérébrales, qui contiennent tout le matériel que l’on va interpréter. 

Les mesures individuelles

C’est la cartographie des résultats “individuels” qui est d’abord consultée. Chaque personne à un cerveau qui fonctionne à sa façon, et il est essentiel d’en comprendre les spécificités individuelles.

Le professionnel peut apprécier la quantité des différentes activités, ce qu’on appelle la puissance absolue. Nous pouvons également examiner la puissance relative : la quantité des activités, les unes par rapport aux autres. Enfin, nous considérons la localisation et la distribution des différentes activités à travers le cerveau. Cela nous permet d’avoir une vision du fonctionnement de l’individu. 

La comparaison à la base de données normative 

Ce travail se précise avec l’ajout d’une “norme”. Les résultats sont comparés à une base de données normative, qui prend en compte l’âge et les différences neurodéveloppementales. De la même manière qu’il est essentiel de comprendre le fonctionnement de la personne évaluée dans son individualité, il est aussi très important de savoir si les résultats sont ceux attendus ou pas pour une personne du même âge, c’est-à-dire s’ils sont cohérents avec les difficultés exprimées.

La base normative est construite à partir de données de plusieurs centaines de personnes évaluées ne souffrant d’aucun trouble, ne prenant aucune médication, et qui sont exemptes d’antécédent pertinent (comme un traumatisme crânien par exemple).  Elle est constituée d’individus âgés entre de 2 mois et 82 ans. Ces personnes représentent la variation typique dans la population, c’est-à-dire qu’il n’y a pas “un cerveau idéal” mais plutôt une diversité de fonctionnements différents et efficaces

On peut comparer cela avec la mesure du QI. Nous pouvons être dans la norme avec une variation jusqu’à 30 points de la moyenne. C’est normal qu’il existe des différences dans nos capacités. Certaines personnes ont plus de facilité avec le langage, d’autres avec les fonctions visuo-spatiales. Ce même constat est fait pour l’activité cérébrale. Certaines personnes ont plus d’alpha, d’autres moins de delta. Il y a également deux côtés de la norme : un côté “anormal” et un côté “supra-normal”. Le premier indique nos faiblesses, et le deuxième nos forces. 

L’utilisation de ces statistiques nous permet d’identifier les divergences significatives de la personne évaluée qui représentent un fonctionnement anormal, et en conséquence risquent d’être liées à des difficultés sur le plan des fonctions cognitives, émotionnelles, comportementales, sociales et/ou physiologiques. 

Pour simplifier ce travail d’explication, on pourrait dire que l’objectif de cette étape est d’identifier des anomalies cérébrales en lien avec les troubles exprimés. 

Littérature scientifique 

Avec les données individuelles et celles comparées à la base de données normative, nous pouvons obtenir un profil cérébral global.

Grâce à une riche littérature scientifique comprenant des milliers d’articles scientifiques sur les profils cérébraux et les protocoles déjà éprouvés, nous avons la possibilité de développer un protocole d’entraînement spécialement adapté au profil évalué et proposer un pronostic sur les apports de l’entraînement. 

A ce stade, nous avons donc établi les choses suivantes : 

  • Les motifs de consultation et les objectifs de l’entraînement
  • Les anomalies cérébrales et leurs liens avec les difficultés/symptômes visées
  • La recherche de profils typiques et atypiques déjà entraînés et étudiés par la recherche


On pourrait alors aisément croire que le développement du protocole peut se résumer à viser les anomalies cérébrales afin de normaliser l’activité, ce qui équivaudrait à faire disparaître les manifestations (difficultés, symptômes) dans le quotidien du patient. Mais est-ce aussi simple que cela ? 


4. Le développement du protocole  

Définir un protocole d’entraînement n’est pas aussi simple que de normaliser une activité cérébrale identifiée et liée à des difficultés observées. 

Le choix du protocole repose sur de nombreux facteurs complexes. Il se doit d’être cohérent entre les manifestations/symptômes, les cibles et les objectifs visés par l’entraînement, les résultats individuels et normés recueillis, la littérature scientifique, l’expérience du professionnel qui établit le protocole, la vision à long terme des protocoles à suivre… Bref, un nombre d’informations qui, lorsque bien prises en compte, permettent l’établissement d’un protocole sur mesure. Cette capacité demande du travail et une solide expérience. 

Cette étape doit aussi être l’occasion d’indiquer si la prise en charge en Neurofeedback est indiquée en première intention, si une prise en charge plus globale est nécessaire ou si une autre approche est préconisée. 

Le protocole permet d’établir une région cérébrale à entraîner, des stratégies spécifiques d’entraînement à déployer lors de la réalisation du protocole et un nombre de séances estimées. 

Une fois ce travail réalisé, le praticien prend le temps de présenter les résultats et de répondre aux questions de la personne évaluée afin qu’elle puisse prendre une décision éclairée.

Le processus d’évaluation est maintenant terminé. Qu’en est-il de la suite? 


5. L’entraînement / Et après? D’autres évaluations? 

Si le choix d’une prise en charge en neurofeedback est pertinent et si toutes les parties sont prêtes à se lancer dans le premier protocole alors l’entraînement peut commencer. 

On met en place les séances d’entraînement et le Neurofeedback post prépare un article sur ce qu’est une séance typique d’entrainement. 

L’information importante à retenir, c’est qu’il y a souvent plusieurs protocoles réalisés lors d’un entraînement. Majoritairement entre 2 et 3.

Chacun des protocoles possède des objectifs différents et des stratégies d’entrainements différentes. Vous pourrez bientôt retrouver notre article consacré à ce qu’est un entraînement.

A chaque fin de protocole (entre 10 et 15 séances), on refait une évaluation cérébrale que l’on compare avec les précédentes afin de constater l’évolution.  On évalue également la cohérence entre les changements observés par la personne dans son quotidien et les améliorations du point de vue du fonctionnement cérébral. 

Cette appréciation nous permet d’adapter le protocole pour la deuxième phase d’entraînement afin de poursuivre le travail en direction des objectifs. 

On effectue une évaluation lors de la conclusion de l’entraînement et on propose une évaluation de contrôle après  6 à 12 mois afin de valider le maintien de l’évolution et la consolidation des acquis.

Vous connaissez maintenant tout ce qu’il faut savoir sur l’évaluation par EEGq, étape indispensable pour comprendre le fonctionnement cérébral et mettre en place un protocole sur mesure et des stratégies d’entraînement adaptées. 

Comme promis, nous travaillons sur nos prochains articles qui seront consacrés aux ondes cérébrales, à l’entraînement en neurofeedback, à une séance typique d’entrainement et au TDAH, alors restez connectés ! 

Si le neurofeedback vous intéresse, vous pouvez découvrir toutes les nuances de cette technique de neuroscience appliquée sur notre site.  

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